« Pour une nouvelle culture politique au Gabon : relire Exode 18,21 à l’heure des choix décisifs »

Inspiré par le verset biblique *Exode 18,2, le Vicaire général du diocèse de Mouila Mgr Guy Roger BOUNDENGUI , curé de la paroisse Sainte Famille de Fougamou en ce le temps électoral actuel dans notre pays le Gabon, nous invite à la réflexion.

Titre
« Pour une nouvelle culture politique au Gabon : relire Exode 18,21 à l’heure des choix décisifs »

Le Gabon s’apprête à renouveler ses représentants à travers les élections législatives et locales. Ces moments démocratiques sont souvent perçus avec lassitude, parfois avec méfiance, et rarement avec foi. Pourtant, la Parole de Dieu nous enseigne qu’un bon gouvernement est une œuvre spirituelle, enracinée dans la justice, le discernement, la responsabilité et la crainte de Dieu.

Dans le livre de l’Exode (18,21), Jéthro, beau-père de Moïse, lui donne un conseil de sagesse pour la gouvernance du peuple :

« Choisis parmi tout le peuple des hommes capables, craignant Dieu, des hommes intègres, ennemis de la cupidité, et établis-les comme chefs… »

Ce conseil vieux de plusieurs millénaires résonne avec force dans notre société contemporaine, marquée par des crises de gouvernance, de confiance et de valeurs.

  1. Une parole ancienne, un message pour aujourd’hui Dans Evangelii Gaudium, le pape François nous rappelle que la politique est « l’une des formes les plus précieuses de la charité ». Refuser de s’y intéresser, c’est fuir notre mission de chrétiens engagés dans la cité.
  2. Une culture politique à reconstruire

Le Gabon souffre encore d’une culture politique marquée par :

  • le clientélisme (on vote pour celui qui aide personnellement),
  • le tribalisme (on vote pour « un des nôtres »),
  • la peur ou la résignation.

Ce sont des formes d’esclavage moderne. Il est temps de sortir de cette Égypte ! Comme dans l’Exode, Dieu veut libérer son peuple. Mais il ne le fera pas sans la participation de chacun. Le chrétien gabonais ne peut plus être un complice silencieux de la médiocrité ou de l’injustice.

  1. Le rôle prophétique de l’Église

L’Église n’a pas vocation à faire de la politique partisane. Mais elle a le devoir d’éduquer les consciences, de former des citoyens responsables, et de dénoncer ce qui aliène la dignité humaine. À travers la prédication, la catéchèse, les mouvements de jeunes, les écoles catholiques, les formations à la doctrine sociale, elle peut renouveler la culture civique.

Elle doit aussi rappeler que la vraie autorité vient du service, à l’image du Christ, le Serviteur par excellence.

Exode 18,21 ne parle pas simplement d’organisation politique. Il s’agit ici de soulager un peuple, de rendre la justice plus proche, de promouvoir une gouvernance éthique et efficace. Ce texte propose quatre critères fondamentaux que tout électeur gabonais devrait méditer avant de voter :

  • La capacité : des dirigeants compétents et formés.
  • La crainte de Dieu : des femmes et hommes spirituellement enracinés.
  • L’intégrité : une vie cohérente, droite, fidèle à la vérité.
  • L’ennemi de la cupidité : celui qui ne cherche pas l’enrichissement personnel.

Ce n’est pas une simple « fiche de poste », mais un appel à un renouvellement intérieur du leadership dans nos villes, départements et régions.

  1. Le vote : un acte spirituel et citoyen

Voter n’est pas un geste neutre. C’est un acte de foi en la dignité humaine, une manière de contribuer à l’avènement d’un monde plus juste. L’indifférence, l’abstention par lassitude ou le vote tribal sont des trahisons de notre responsabilité chrétienne. Il ne s’agit pas de chercher qui va nous donner le plus, mais qui va mieux servir tous, surtout les pauvres, les jeunes, les oubliés.

  1. Vers une société renouvelée : le temps de l’espérance

Les élections sont une occasion d’espérance. Pas une espérance naïve, mais une espérance lucide, enracinée dans la foi. Nous croyons que Dieu agit dans l’histoire, et qu’il se sert d’hommes et de femmes pour bâtir son Royaume. Un chrétien qui vote selon sa conscience, qui s’engage pour le bien commun, devient co-créateur d’un avenir meilleur.

Il ne suffit pas de prier pour que les choses changent. Il faut aussi agir, discerner, parler et choisir. C’est ainsi que l’on bâtit une nation selon le cœur de Dieu.

Conclusion : Choisir la justice, c’est servir Dieu et le peuple

Exode 18,21 nous appelle à élever notre regard : choisir des leaders, c’est une mission sainte. À chacun de discerner, à la lumière de la Parole, les hommes et femmes qui porteront avec courage les aspirations profondes du peuple gabonais.

Et si cette fois, c’était différent ? Et si cette fois, notre vote devenait un acte prophétique ? Une réponse libre et responsable, un pas de plus vers une société plus juste, plus fraternelle, plus digne de l’homme et de Dieu.

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