Message de l’Archevêque à lire à toutes les célébrations du 33e dimanche du temps ordinaire par le Célébrant (ou tout au moins un Clerc)

AUX PRETRES, DLACRES, REIGIEUX, RELIGIEUSES, FIDELES LAiCS, HOMMES ET FEMMES DE BONNE
VOLONTE DE L’ARCHIDIOCESE DE LIBREVILLE
AL’OCCASION DE LA CELEBRATION DE LA 9E JOURNEE MONDIALE DES PAUVRES
« Chaque fois que vous I’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »>
(Mi 25, 40).
Chers Fils et Filles bien-aimés,
En ce dimanche 16 novembre 2025, alors que nous célébrons le 33e dimanche du Temps Ordinaire et
la 9e Journée Mondiale des Pauvres, je voudrais tourner nos regards vers une réalité qui, trop souvent encore, demeure silencieuse et qui est pourtant si proche de nous. Dans nos quartiers, nos villages, nos paroisses, et parfois même au sein de nos propres familles, des hommes, des femmes, des enfants et des personnes âgées continuent de vivre et parfois de mourir dans des conditions de grande précarité. Leur souffrance est là sous nos yeux, et il arrive que notre indifférence, volontaire ou non, y contribue parfois.
En contemplant cette réalité, nous comprenons mieux pourquoi le Seigneur associe si étroitement le
pauvre à sa propre personne. Le pauvre est une présence réelle et palpable du Christ au milieu de nous. C’est
toute la profondeur du verset qui introduit ce message : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus
petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Ainsi, chaque geste de solidarité, chaque
effort pour relever celui qui est tombé, est une vraie rencontre avec Jésus lui-même.
C’est à la lumière de cette vérité que le pape Léon XIV aflirme : « la plus grande pauvreté consiste à
ne pas connaître Dieu » (Message pour la 9eme Journée Mondiale des Pauvres, n. 3). Et il n’est pas difficile
de comprendre en quoi cela nous concerne. Lorsque nous nous détournons du pauvre, lorsque nous ne prêtons
pas attention au visage souffrant du Christ qui se présente à nous, nous révélons en réalité que nous ne
connaissons pas encore pleinement Dieu. Saint Jcan est très clair : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit
ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). Refuser d’aimer le pauvre, c’est donc s’éloigner de Dieu,
se priver de sa Junmière, et entrer dans une forme de pauvreté spirituelle bien plus grave que la misère
matérielle.
Cette interpellation résonne avec force en cette Année Sainte du Jubilé de l’Espérance. En effet, si le
pauvre porte le visage du Christ, il est aussi, à travers chacun de nous, capable de devenir témoin d’une
esprance forte et fiable. Chaque fois que nous relevons un frère, que nous redonnons confiance à une sSur,
que nous soutenons une famille éprouvée, nous permettons à l’espérance de renaître et de se transmettre
comme un feu vivant.
C’est précisément ici que je nous invite à vivre de manière authentique le thème de notre année
pastorale « vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ». Il s’agit pour chacun de nous de
devenir sel là où la vie a perdu de sa saveur, de devenir lumière dans I’obscurité des manques, des blessures
silencieuses et des humiliations qui écrasent nos frères et seurs.
Il serait donc illusoire de nous arrêter à une réflexion théorique sans regarder ce qui se passe
concrètement autour de nous. Dans notre société gabonaise, les inégalités sociales demeurent encore criantes.
Tandis que certains peinent à assurer le minimum vital pour eux et leurs familles, des groupes restreints
continuent de s’approprier, parfois de manière abusive, des biens et des ressources destinées à la collectivité.
Ce déséquilibre ne blesse pas seulement la justice sociale, il blesse « la concorde et fraternité ».
De plus, la pauvreté chez nous n’est pas simplement le fruit du hasard. Elle repose sur des causes
structurelles profondes : coruption, mauvaise gestion des richesses, accès inégal à l’éducation, au travail, aux
soins, fragilité des familles et des jeunes, insufisance des politiques sociales. Si ces causes ne sont pas
affrontées et corrigées, la pauvreté continuera de se transmettre d’une génération à l’autre, comme une chaîne
qu’aucun effort individuel ne pourra briser.
Pourtant, malgré l’ampleur de ces défis, il ne faut pas croire que tout commence par de grandes
réformes. Bien au contraire, la compassion véritable naît des gestes les plus simples, les plus discrets, ceux
auxquels nous ne prêtons pas toujours attention et qui pourtant peuvent changer une vie. Une écoute, une
visite, un repas partagé, un transport offert., un médicament payé, une main tendue. Ce sont ces gestes qui
réveillent les consciences et ouvrent la porte à un véritable engagement au service des plus pauvres.
Aussi, voudrais-je redire avec force à nos curés, nos prêtres, nos religieux, nos religieuses, à nos CEVB,
à nos groupes et mouvements que les pauvres ne sont pas une activité en plus dans la mission de l’Eglise. lls
en sont le cSur même. Comme le rappelle encore le Pape Léon XIV, « les pauvres ne sont pas une distraction
pour l’Eglise […) C’est pourquoi la Journée mondiale des pauvres veut rappeler à nos communautés que les
pauvres sont au centre de toute l’auvre pastorale, non seulement dans sa dimension charitable, mais aussi

dans ce que l’Eglise célèbre ct annonce » (Message pour la yme Journée Mondiale des Pauvres, n 5). Servir les pauvres, ce n’est pas une option, c’est un critère de fidélité à l’Evangile.
Dans cette dynamique. je veux saluer et féliciter le travail déjà réalisé dans nos paroisses à travers les
Caritas et les nombreuses autres initiatives à l’intention des pauvres, Ces efforts sont réels, concrets, et porteurs de fruits. Mais je sais, et vous le savez aussi, que nous pouvons encore faire davantage. Notre diocèse, nos paroisses, nos CEVB, nos groupes, nos mouvements doivent revenir à cette mission première qu’est le service des plus pauvres, I’un des plus beaux chemins de sainteté ct de conversion.
Je voudrais m’adresser enfin aux hommes ct aux femmes de bonne volonté, au-delà même des
frontières visibles de l’Eglise. Le soin des pauvres n’est pas seulement une question de générosité. C’est une véritable question de justice. Promouvoir le bien commun n’est pas une faveur, c’est un devoir fondamental de l’Etat et de ses institutions. Les richesses de notre pays doivent être accessibles à tous, de manière équitable et responsable, afin que personne ne soit laissé de côté.
Chers fils et illes, en cette Journée Mondiale des Pauvres, ouvrons largement nos coeurs afin que
chaque rencontre avec un pauvre devienne pour nous une rencontre vivante avec le Christ. Que chaque geste de compassion soit un acte d’espérance. Et que chaque effort pour la justice contribue à båtir un Gabon plus fraternel. plus humain et plus proche de Dieu.
Que la Vierge Marie, Mère des pauvres et Consolatrice des afligés, nous accompagne sur ce chemin
d’amour et de justice.
Avec Ma Paternelle Bénédiction.
Fait à Libreville, le 14 novembre 2025
Son Excellence Monseigneur Jean Patrick IBA

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