Par Abbé Serge-Patrick MABICKASSA
La vigne de Nabot et nous !

» Tu détestes tous les malfaisants, tu extermines les menteurs ; l’homme de ruse et de sang, le Seigneur le hait. «
Chers frères et soeurs, bien-aimés dans le Christ, les textes de ce lundi de la 11 ème semaine du temps ordinaire, année paire nous donnent de méditer sur le thème de la justice divine face aux malfaisants, aux menteurs et aux hommes de ruse et de sang. Il n’est donc pas nécessaire que nous nous fassions justice nous-mêmes. La justice divine défend la cause des faibles, des pauvres et des malheureux sans voix. C’est justement dans ce sens que le Christ nous recommande dans l’évangile de ne pas résister aux méchants. En réalité, il nous demande de nous en remettre à la justie divine.
Chers frères et soeurs, on le voit dans la première lecture tirée du premier livre des rois, le pauvre Nabot est injustement tué, après un faux procès intenté contre lui, par des juges, des anciens et des notables corrompus par Jézabel, la femme du roi Acab. L’objectif était de prendre injustement possession de sa vigne, l’héritage de ses pères que Nabot ne voulait pas céder au roi pour de l’argent ou pour une autre vigne meilleure. De fait, Jézabel et ses complices vont réussir leur plan et s’en réjouiront : « Va, prends possession de la vigne de ce Naboth qui a refusé de la céder pour de l’argent, car il n’y a plus de Naboth : il est mort. »
Oui, bien-aimés dans le Christ, ce recit de la vigne de Nabot est riche en enseignements. Pour nous, l’héritage dont il est question ici c’est l’évangile que nous avons reçue de nos pères dans la foi. La question est celle de savoir ce que nous avons fait du baptême que nous avons reçu au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ? Peut-être qu’il nous est arrivés, l’une ou l’autre fois, de céder notre foi, notre éducation et notre morale catholique contre de l’argent ou contre des pratiques estimées meilleures que celle de notre foi, de notre éducation et de notre morale catholique.
En effet, les hommes de ruse et de sang nous attirent quotidiennement dans leurs pièges afin que nous cédions ce que nous avons de plus chère : notre dignité, notre éducation, notre morale et notre foi catholique. Cependant, nous n’avons pas toujours le courage de Nabot qui a osé dire non au roi Acab : « Que le Seigneur me préserve de te céder l’héritage de mes pères ! »
Le recit de la vigne de Nabot nous rappelle aussi notre devoir de veiller à l’intégrité et à la souveraineté de nos terres ancestrales, ainsi qu’à la sûreté de notre Etat. Ne pas souiller, ni vendre nos terres. Car nous n’avons pas un pays de rechange. Or, il est arrivée, dans un passé recent, que certains compatriotes se soient donnés de « vendre » notre dignité aux forces intrangères et de porter, ainsi, gravement atteinte à notre souveraineté nationale. Pour de l’argent et autres avantages égoïstes, certains sont prêts à dilapider cet héritage ancestral et divin qui s’appelle le Gabon, Notre Maison Commune !
Ceux qui possèdent sont insatiables. Ils en veulent toujours plus et encore plus. Le roi Acab est pris dans les mailles du filet de l’abus de pouvoir et de la convoitise. Sa femme, Jezabel, ne récule devant rien pour donner satisfaction à la convoitise de son mari ! En son nom et avec le sceau royal, elle va signer des édits. Le pauvre Nabot le paiera de son propre sang ! Gare à ceux et à celles qui usurpent des titres, falsifient des documents ou qui imitent des signatures pour induire les autres en erreurs. Tout finit un jour par se savoir, car tout se paie ici bas ! Effectivement, la justice divine n’oublie rien. Acab et sa femme Jezabel conaîtront une fin tragique. Dieu vengera le sang de Nabot !
Chers frères et soeurs, si dans un passé récent, nous nous étions rendus coupables d’abus d’autorité, d’usurpation de titres et de prérogatives, demandons pardon à Dieu, en prenant la ferme résolution de ne plus recommencer. Gardons nous de déposséder les pauvres ou de vendre ce bien divin et ancestral qu’on appelle le Gabon, notre pays ! Gardons nous de spolier la veuve et l’ophelin car c’est la prunelle de l’oeil de Dieu. Le psalmiste nous dit que la justice divine est sans appel pour les hommes de ruse et de sang : » Tu détestes tous les malfaisants, tu extermines les menteurs ; l’homme de ruse et de sang, le Seigneur le hait. » Les verbes sont expressement forts : détester, exterminer et haïr ! La justice divine déteste, extermine et hait les malfaisants, les menteurs, l’homme de ruse et de sang !
Ainsi, chers frères et soeurs, l’évangile de Matthieu nous demande de ne pas nous fatiguer à riposter aux méchants, mais nous devons nous en remttre à la justice divine. Que l’apparente prospérité du méchant ne nous trompe pas. Tout se paie ici bas ! La Justice divine est à l’oeuvre. Tôt ou tard, chacun finira par payer ses dettes envers son prochain et envers Dieu, d’une façon ou d’une autre, directement ou indirectement.
Puisse le Seigneur nous garder de tout mal et nous fortifier dans les épreuves de la vie face au mensonge, aux faux procès, aux faux témoins, aux vauriens, à la ruse, à la convoitise et au sang. Amen !