en marche vers les textes de dimanche

Le sommeil de Dieu a toujours été à la fois source d’inquiétude et de frustration pour l’homme biblique en même temps objet de sa prière. Pourquoi ? Parce que, en réalité, si Dieu ferme les yeux sur le monde et sur l’homme, c’est la catastrophe et tout tombe en ruine. Et pour éviter ce drame, l’homme biblique ne cesse d’apostropher Dieu pour le solliciter en permanence. C’est ce qui se passe dans le Psaume 44,22 et dans l’évangile de ce dimanche, où Dieu est tiré de son sommeil pour intervenir en faveur de l’homme.
Dans ce passage, tout vise à décrire la situation de l’humanité dans sa lente histoire et tout vise à annoncer le dessein divin que le Fils de Dieu veut réaliser. Le soir/nuit est venu : la nuit de la peur et du doute ; la fin de la journée et ses certitudes éphémères. Jésus invite son Église à s’avancer au large et à « passer » sur l’autre rive. Cette invitation fait référence à Pâques qui est un « passage » : passage de la Mer rouge pour le peuple élu, affranchi de l’esclavage et conduit à la liberté ; passage du Fils de l’Homme de ce monde au Père ; de la passion/mort à la gloire ; passage de l’état de péché à la grâce divine, passage de la haine à l’amour, bref, le passage d’une rive à une autre.
L’autre rive est la rive de Dieu, la rive invisible et dont Jésus révèle le chemin (Jn 14,4). Le bateau que Jésus et ses disciples empruntent pour traverser le lac peut dans un certain cas symboliser l’Église. Comme l’Arche de Noé, elle a été construite spécifiquement pour « passer à travers ». Mais une tempête éclate. Les forces du mal se déchainent contre lui. Le bateau se remplit d’eau, ici symbole de la mort : l’eau coupe le souffle à l’homme. Le mal combat l’Esprit. Et Jésus dort. L’absence et/ou l’indifférence de Jésus pèse énormément sur le cœur des disciples et par ricochet de tous les fidèles. Ne voyant pas Jésus, ils ont peur et pensent même qu’ils n’auraient jamais pu faire la traversée et qu’ils n’auraient jamais eu à embarquer sur ce bateau. Mais la prière insistante des disciples qui l’appellent est entendue par Jésus. Il se réveille. Il est là, comme il l’a promis (Mt 28, 20). Jésus sauve son Église de toutes les tempêtes qui menacent de la couler.
Cependant, Jésus ne reproche pas à ses disciples de l’avoir réveillé brutalement, mais il les blâme plutôt à cause de leur manque de foi. Autrement dit, nous devons le prier et le prier ave foi. La peur de mourir, qui est négative, est alors remplacée par la crainte de Dieu, qui est l’obéissance des fidèles à leur Sauveur. Telle est notre situation : la faiblesse de notre vase puise sa force dans la présence du Christ : il calme les tempêtes et nous fait passer au milieu des vagues violentes. C’est ce qu’exprimait Saint Paul en ces termes : « Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous tenons ferme, avec lui nous régnerons… » 2 Tim 1-12.

Abbé Séraphin OBAME NDONG
Dr en theologie biblique, option narratologie,
Littérature sémitique et hellénistique.

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