
La messe des funérailles du Pape François a été présidée par le Cardinal Giovanni Battista RE à la place Saint-Pierre de Rome qui a vu une participation immense de fidèles de toutes confessions, de nombreux chefs d’état dont le président élu de la république gabonaise Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA et son épouse.
Sont aussi venus du Gabon et ont concélébré leurs Excellences Mgr Jean Vincent ONDO EYENE, évêque du diocèse d’œdème et président de la Conférence des évêques du Gabon, Mgr Mathieu MADEGA LEBOUAKEHAN, évêque du diocèse de Mouila, Mgr Séverin NZIENGUI MANGANDZA, évêque du Vicariat Apostolique de Makokou et Mgr Ephrem NDJONI, évêque du diocèse de Franceville. Notons que les statistiques donnent une participation de près de 750 évêques et archevêques et 4.000 prêtres ayant concélébré à la messe des funérailles du chef de l’évêque de Rome. Des prêtres gabonais en mission d’étude en Italie étaient aussi du nombre.


Nous publions ici l’homélie du Cardinal Giovanni Battista RE lors des funérailles du pape François le 26 avril 2025, place saint-Pierre à Rome :
Le pape François et son ministère de miséricorde et de fraternité
Sur cette majestueuse place Saint-Pierre, où le pape François a tant de fois célébrer l’Eucharistie et présider des grandes rencontres. Au cours de ces douze ans, nous sommes réunis en prière autour de sa dépouille mortelle, les cœurs tristes, mais soutenus par les certitudes de la foi qui nous assure que l’existence humaine ne s’achève pas dans la tombe, mais dans la maison du père, dans une vie de bonheur qui ne connaîtra pas de coucher de soleil.


Au nom du Collège des cardinaux, je vous remercie cordialement de votre présence. Avec une intense émotion, j’adresse un salut déférent, un vif remerciement aux chefs d’État, aux chefs de gouvernement et aux délégations officielles venues de nombreux pays pour exprimer leur affection, leur vénération et leur estime à l’égard du pape qui nous a quitté. Le plébiscite des manifestations d’affection et des participations auxquelles nous avons assisté ces jours-ci, après son passage de cette terre à l’éternité, nous indique combien l’intense pontificat du pape François a touché les esprits et les cœurs. Sa dernière image, qui restera gravée dans nos yeux et dans nos cœurs, est celle de dimanche dernier, jour de la solennité de Pâques.
Lorsque le pape François, malgré ses graves problèmes de santé, a voulu nous donner la bénédiction depuis la loge de la basilique Saint-Pierre. Et puis, il est descendu sur cette place pour saluer, depuis la papamobile découverte, l’ensemble de la foule venue assister à la messe de Pâques.
Par notre prière, nous voulons maintenant confier l’âme du bien-aimé souverain pontife à Dieu, afin qu’il lui accorde la félicité éternelle dans l’horizon lumineux et glorieux de son immense amour. La page de l’Évangile, où résonne la voix même du Christ interpellant le premier des apôtres, nous éclaire et nous guide. Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci? Et la réponse de Pierre fut immédiate et sincère : Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime. Et Jésus lui confia la grande mission : Pais mes brebis. Ce sera la tâche constante de Pierre et de ses successeurs. Un service d’amour à la suite du maître et Seigneur Jésus-Christ. Malgré sa fragilité dernière et sa souffrance, le pape François a choisi de suivre cette voie du don jusqu’au dernier jour de sa vie terrestre. Il a suivi les traces de son Seigneur, le bon pasteur qui a aimé ses brebis jusqu’à donner sa vie pour elles. Et il l’a fait avec force et sérénité, proche de son troupeau, l’Église de Dieu.
Lorsque le cardinal Bergoglio a été élu le 13 mars 2013 par le conclave pour succéder au pape Benoît XVI, il avait derrière lui des années de vie religieuse dans la Compagnie de Jésus et surtout, il était enrichi par l’expérience de vingt ans de ministère pastoral dans l’archidiocèse de Buenos Aires. D’abord comme auxiliaire, puis comme coadjuteur et enfin et surtout, comme archevêque. La décision de prendre le nom de François est apparue immédiatement comme le choix d’un programme et d’un style sur lesquels il voulait fonder son pontificat en cherchant à s’inspirer de l’esprit de Saint François d’Assise. Le pape François a toujours conservé son tempérament et sa forme de guide pastoral et a immédiatement donné l’empreinte de sa forte personnalité dans le gouvernement de l’Église, établissant un contact direct avec les individus et les populations, désireux d’être proche de tous, avec une attention marquée pour les personnes en difficulté, se dépensant sans mesure, en particulier pour les derniers de la terre, les marginaux. Il a été un pape au milieu des gens avec un cœur ouvert à tous.
En outre, il a aussi été un pape attentif à la nouveauté qui émergeait dans la société et à ce que l’Esprit Saint suscitait dans l’Église. Avec le vocabulaire qui caractérisait son langage riche en images et en métaphores, il a toujours cherché à illuminer les problèmes de notre temps avec la sagesse de l’Evangile, en offrant une réponse à la lumière de la foi et en nous encourageant à vivre en chrétiens les défis et les contradictions de ces années de changements qu’il aimait qualifier des changements d’époque. Il avait une grande spontanéité et une manière informelle de s’adresser à tous, même aux personnes éloignées de l’Église. Riche en chaleur humaine et profondément sensible au drame d’aujourd’hui, le pape François a vraiment partagé les angoisses, les souffrances et les espérances de notre époque et s’est donné pour réconforter et encourager avec un message capable d’atteindre les cœurs des gens de manière directe et immédiate. Son charisme de l’accueil et de l’écoute, associé à un comportement typique des sensibilités d’aujourd’hui, a touché les cœurs, cherchant à réveiller les énergies morales et spirituelles. La primauté de l’évangélisation a été le guide de son pontificat, diffusant avec une claire empreinte missionnaire, la joie de l’Évangile, titre de sa première exhortation apostolique Evangelii gaudium. Une joie qui remplit les cœurs des tous ceux qui se confient à Dieu avec confiance et espérance.
Le fil conducteur de sa mission a également été la conviction que l’Église est une maison pour tous, une maison dont les portes sont toujours ouvertes. Il a souvent eu recours à l’image de l’Église comme un hôpital de campagne, après une bataille qui a fait de nombreux blessés. Une Église désireuse de s’occuper, avec détermination, des problèmes des personnes et des grandes afflictions qui lacèrent le monde contemporain. Une Église capable de s’épancher sur chaque homme, au-delà de toute croyance ou condition, et de guérir ses blessures. On ne compte plus ses gestes et ses exhortations en faveur des réfugiés et des personnes déplacées.
Son insistance à travailler en faveur des pauvres a également été constante. Il est significatif que le premier voyage du pape François ait été celui à Lampedusa, île symbole du drame de l’émigration, avec des milliers de personnes noyées en mer. Dans la même ligne, il y eut également le voyage à Lesbos avec le patriarche œcuménique et l’archevêque d’Athènes, ainsi que la célébration d’une messe à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, à l’occasion de son voyage au Mexique. Parmi ces 47 voyages apostoliques intenses, celui qu’il a effectué en Irak en 2021, au péril de sa vie, restera particulièrement gravé dans la mémoire. Elle a été comme un baume sur les blessures ouvertes de la population irakienne qui a tant souffert des actes inhumains de l’ISIS, de Daech. Ce voyage a également été important pour le dialogue interreligieux, une autre dimension importante de son œuvre pastorale. Avec sa visite apostolique de 2024 dans quatre pays d’Asie, d’Océanie, le pape a atteint la périphérie la plus périphérique du monde.
Le pape François a toujours mis au centre l’Évangile de la miséricorde, soulignant à plusieurs reprises que Dieu ne se lasse pas de nous pardonner. Il pardonne toujours, quelle que soit la situation de celui qui demande pardon et revient sur le droit chemin. C’est pour cela qu’il a voulu de suite le jubilé extraordinaire de la miséricorde, afin de mettre en évidence que la miséricorde est le cœur de l’Évangile. Miséricorde et joie de l’Évangile sont deux mots clés du pape François. En contraste à ce qu’il a défini comme la culture du déchet, il a parlé de la culture de la rencontre, de la culture de la solidarité.
Le thème, ensuite, de la fraternité a traversé tout son pontificat avec des accents vibrants. Dans sa lettre encyclique, Fratelli tutti, il a voulu faire renaître une aspiration mondiale à la fraternité. Car nous sommes tous enfants du même Père qui est aux cieux. Et avec force, il a souvent rappelé que nous appartenons tous à la même famille humaine. Aux Émirats arabes unis, le pape François a signé un document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, rappelant la paternité commune de Dieu. S’adressant aux hommes et aux femmes du monde entier, à travers la lettre encyclique Laudato si’, il a attiré l’attention sur les devoirs et la coresponsabilité envers notre maison commune.
Face à de nombreuses guerres qui font rage ces dernières années, aux horreurs inhumaines et aux innombrables morts et destructions, Le pape François n’a cessé d’élever la voix pour implorer la paix, invitant… Invitant à la raison, invitant à une négociation honnête pour trouver des solutions possibles. Parce que la guerre, a-t-il dit, la guerre n’est que mort des personnes, destruction des maisons, destruction d’hôpitaux et d’écoles. La guerre laisse toujours le monde dans un état pire qu’avant. C’est toujours une défaite douloureuse et tragique. Construire des ponts et non des murs est une exhortation qu’il a répétée à maintes reprises.
Et le service de la foi, en tant que successeur de l’apôtre Pierre, a toujours été associé au service de l’humanité dans toutes ses dimensions. En union spirituelle avec toute la chrétienté, nous sommes nombreux à prier pour le pape François afin que Dieu l’accueille dans l’immensité de son amour.
Le pape François avait l’habitude de conclure ses discours et ses rencontres en disant : N’oubliez pas de prier pour moi.
Maintenant, cher pape François, nous te demandons de prier pour nous. Et nous te demandons que du ciel, tu puisses bénir l’Église, bénir Rome, bénir le monde entier comme tu l’as fait dimanche dernier depuis la loge de cette basilique, dans une dernière étreinte avec tout le peuple de Dieu, mais aussi, idéalement, avec l’humanité entière, l’humanité qui cherche la vérité avec un cœur sincère et porte haut le flambeau de l’espérance.