
Abbé Serge-Patrick MABICKASSA
Réf : Jl 2, 12-18 ; Ps 50,3-4, 5-6 ; 2Co5,20-6,2 ; Mt6,1-6. 16-18
» Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense «
Chers frères et sœurs, bien-aimés dans le Christ, comme il est écrit dans la première lecture, tirée du livre de Joël, aujourd’hui, Mercredi des Cendres, « le Seigneur convoque l’assemblée sainte, anciens, petits-enfants, nourrissons, jeunes époux et prêtres, pour un temps de jeûne, de prière et de pénitence » : C’est le Carême !
Mais, pourquoi l’assemblée sainte des fils et des filles d’Israël était-elle ainsi convoquée pour implorer la miséricorde de Dieu ? En réalité, le peuple est à un moment charnière de son histoire. Il est assailli par de nombreuses épreuves. Et, cela est dû au fait que le peuple s’est détourné du droit chemin, le chemin de la justice, le chemin de la fidélité aux commandements du Seigneur et à la tradition de Moïse. D’où cet appel communautaire, voire appel national à la pénitence pour le salut de la nation d’Israël : » Pitié, Seigneur, pour ton peuple, pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens ! Faudra-t-il qu’on dise : » Où donc est leur Dieu ? »
Oui, chers frères et sœurs, dans les moments décisifs de son histoire, les fils d’Israël se sont toujours tournés vers Seigneur. Car ils savaient que leur salut est dans le Nom du Seigneur. C’est aussi la même chose qui nous est demandée aujourd’hui. Que cela soit sur le plan individuel, communautaire ou national, voici le moment favorable pour implorer la miséricorde de Dieu.
Dans la seconde lecture tirée de la seconde lettre de Saint Paul, Apôtre aux Corinthiens, il est écrit : « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant, le jour du salut « .
Oui, bien-aimés dans le Christ, le moment est favorable pour prier pour notre propre délivrance, notre salut, la délivrance et le salut de nos familles respectives, ma délivrance et le salut de notre peuple et de notre nation. Les moments que nous vivons sont très sensibles. Les tensions montent. Des dissensions se font sentir ici et là. La transition politique dans notre pays le Gabon tire vers sa fin, et pourtant l’avenir pour certain ne semble guerre rassurant. De nombreux gabonais vivent dans la peur du lendemain. Le chômage des jeunes, la précarité et l’insécurité inquiètent plus d’un. Oui, bien-aimés dans le Christ, les voyants sont au rouge ! C’est pourquoi ce temps de Carême est particulier pour chacun des fils et des filles du Gabon. Le Seigneur nous invite à ne pas faire comme les autres. D’où cette parole du Christ qui revient trois fois dans l’évangile de Matthieu que nous avons entendu : « Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. » Nous devons agir différemment de nos pères, différemment de ce que font les autres. Dieu nous appelle à une différence qualitative : » Déchirez votre cœur et non pas vos vêtements » est-il écrit dans le livre de Joël.
Il nous faut sortir d’un Carême du théâtre pour un Carême vécu dans l’intimité profonde et authentique avec Dieu.
Nous allons recevoir les Cendres en signe de reconnaissance de notre fragilité : « Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi » est-il écrit dans le psaume 50. Que cela ne soit pas un simple rite extérieur. Ce n’est pas non plus un fétiche ou une quelconque protection mystique puissante ! C’est un engagement à la conversion : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » nous dit Saint Paul. Or, comment se réconcilier avec Dieu si nous ne sommes pas encore réconciliés avec nous-mêmes et avec nos frères et sœurs ? D’où ces trois exercices qui nous sont recommandés pendant le Carême : prière, partage et pénitence !
Prions les uns pour les autres, prions pour notre pays le Gabon, prions aussi pour la santé du Pape François, que ce temps de Carême soit pour tous le moment favorable, le jour du salut.