
Explication de la parabole du semeur (Mt 13, 18-23)
Un couple enthousiaste avec deux enfants s’est approché de moi après la messe et s’est présenté à moi. La femme m’a dit que c’était moi qui avais béni leur mariage il y a 9 ans. J’avais beau faire des efforts pour me souvenir, je ne parvenais pas à me souvenir vraiment. Le nombre de mariages que j’avais célébrés avait mis à mal ma capacité de mémorisation. Remarquant probablement ma difficulté, elle m’a rafraîchi la mémoire avec une autre donnée : « Père, vous avez même dit dans votre sermon que le mariage d’un homme et d’une femme est un reflet de l’amour de Dieu pour son Église » (de saint Paul, bien sûr, pas de moi). La citation ne m’a pas aidé.
Malgré la perte temporaire de la mémoire, j’étais heureux pour deux raisons. D’abord, nous nous sommes revus après de nombreuses années ; ensuite, ils se sont souvenus de quelque chose de la Parole de Dieu et l’ont gardé dans leur cœur (non seulement dans leur cœur mais aussi dans leur corps ; le mari et la femme sont tous deux bien équilibrés). Grâce à la Parole de Dieu, ils ont maintenant 9 ans, et ils vont peut-être en avoir cinquante, je l’espère.
Dieu continue à semer ses paroles, sans se soucier de l’endroit où elles pourraient tomber.
Bien sûr, on peut lire insouciant, mais le cas de Dieu prouve aussi l’autre extrême : donner sans compter le prix, aimer sans se soucier de ce qui pourrait se perdre. Le chemin, le sol rocailleux, les épines accueillent la parole mais ne la nourrissent pas. Le sol riche qui reçoit et nourrit la parole donne une récolte 16 fois, 60 fois et plus…
La semence qui a été semée sur un sol pierreux est comparée à ceux qui entendent la Parole et la reçoivent avec joie. Mais ils n’ont pas de racine et ne durent que pour un temps. Quand ils sont dans la tribulation ou la persécution à cause de la Parole, ils tombent aussitôt (cf. 13, 20).
Il faut beaucoup d’honnêteté pour reconnaître le type de sol que nous sommes. Si nous regardons en arrière dans notre vie, nous voyons parfois ces quatre types de sol en nous. Il y a eu des moments où le Seigneur a semé la graine, mais elle est tombée au bord du chemin parce que nous pensions que ce n’était pas cool d’être religieux ou nous avons laissé d’autres personnes prier pour nous. Il y a eu des moments où nous étions un morceau de roche avec un sol peu profond parce que, même si nous croyons au Seigneur, lorsque des croix se présentent à nous, nous sommes tentés de l’abandonner. Il y a eu des moments où le Seigneur a semé la graine en nous et nous l’avons étouffée avec des épines ; nous avons oublié Celui qui nous a donné les dons, les bénédictions mêmes. Mais il y a eu aussi des moments où Il a semé la graine et a produit une moisson dans le sol riche de nos vies. Nous devons voir qu’en vieillissant, nous devenons le sol riche pour que Sa Parole produise une grande moisson.
Père Alain Mb., Cssp