Messe Obsèques de Serge Pasco BANYENA

“La mort peut arriver partout : en voiture, en bateau, en avion, dans sa chambre à coucher, dans sa salle de bain, dans sa salle de séjour, dans une église en pleine messe ou dans un temple traditionnel en pleine veillée d’initiation… Le lieu où la mort nous trouve importe peu, ce sont les dispositions intérieures dans lesquelles la mort nous trouve qui nous ouvrent les portes de la vie ou de la mort !”

L’Abbé Serge-Patrick Mabickassa a présidé une messe des funérailles de Serge Pasco BANYENA décédé le 17 août 2024.Nous publions cette homelie qui s’est achevée avec un beau chant de Taizé : “o Christe Domine Jésus.”

Messe Obsèques de Serge Pasco BANYENA
Homélie
“Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure”
Très Chère Afriquita BANYENA, chers enfants et petits enfants, chers parents, amis et connaissances du regretté Serge Pasco BANYENA, Chers frères et soeurs, bien-aimés dans le Christ, les choses de l’Esprit sont si difficiles à comprendre ! En effet, ” L’homme, par ses seules capacités, n’accueille pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu ; pour lui ce n’est que folie, et il ne peut pas comprendre …” C’est l’Apôtre Paul qui s’adresse ainsi aux disciples de Corinthe (Cf. 1Co 2, 10-16).
De même, pour notre part, il nous est, humainement, difficile de comprendre et d’accepter la soudaine et brusque disparition de Serge Pasco BANYENA, notre époux, notre père, grand-père, frère, oncle, ami et collègue de travail, etc . Oui, tous, nous sommes encore sous le choc de ce qui est arrivé le 17 août 2024 dernier, en pleine célébration de la fête de l’indépendance de notre pays le Gabon. Un mois, jour pour jour, après que Serge ait célébré son 52ème anniversaire de naissance et pendant que les filles et les fils de cette Nation étaient en fête, la visite soudaine de la grande faucheuse chez nous, nous a plongé dans le désaroi et les lamentations. Des soupirs, des gémissements, des larmes et des questions sans réponses. Vraiment, les choses de l’Esprit sont souvent si difficiles à comprendre à l’échelle des êtres humains que nous sommes.
Mais, chrétiens, baptisés dans la passion et la mort du Christ pour ressusciter et vivre avec lui dans son royaume, nous nous tournons vers le Très haut pour implorer lumière, vérité, miséricorde et consolation dans cette douloureuse épreuve.
Bien-aimés dans le Christ, dans la première lecture tirée du livre du prophète Isaïe, Dieu lui-même vient consoler son peuple sur la montagne : ” Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. ” oui : “Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur !”
Chers frères et soeurs, ” L’homme, par ses seules capacités, n’accueille pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu ; pour lui ce n’est que folie, et il ne peut pas comprendre …” Oui, la mort de Serge Pasco BANYENA suscite en nous de nombreuses interrogations et, déjà, certains d’entre nous lui ont peut-être jugé et envoyé en enfer ! Cela arrive parce que par nos seules capacités, nous ne pouvons pas accueillir ce qui vient de l’Esprit ! Dieu est souverain en toutes ses voies et Serge Pasco BANANYENA était vraiment dans une démarche personnelle de quête de lumière et de vérité.
Ce jour-là, comme ces jeunes filles de l’évangile de Matthieu que nous avons entendu, Serge est parti chercher de l’huile pour sa lampe. Un flacon d’huile qu’il avait peut-être cru ne pas avoir en quantité suffisante pour accéder au royaume des cieux et prendre part au festin des noces de l’Agneau; lui qui a été élevé par son oncle Prêtre dans la tradition et les valeurs catholiques. Il a reçu les sacrements d’initiation chrétienne, le baptême, la première communion et la confirmation. Il a pris part, des années durant, comme pénitent à la confession …
Serge est parti chercher un flacon d’huile qui était pourtant en lui-même ! Il avait soif de Dieu, le Dieu vivant. Il voulait s’avancer et paraître face à Dieu, comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi l’âme de Serge cherchait son Dieu. Que ce Dieu l’accueille à présent dans son royaume avec les vierges prévoyantes ! Quelle joie, lorsque Serge découvrira finalement que le flacon d’huile qu’il cherchait était en lui-même ! La lumière et la vérité qu’il recherchait était juste là, tout au fond de son coeur. En cela, il ressemblera à Saint Augustin, chercheur de Dieu et de la vérité, qui, dans le livre X de son oeuvre LES CONFESSIONS, a dit, je cite :
” Bien tard, je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard, je t’ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas ! “
Quant à nous, chers frères et soeurs, au lieu de juger, de critiquer et de porter des jugements sur des réalités qui nous dépassent, le Christ s’adresse à chacune et à chacun et dit : “Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure” En effet, la parabole des dix jeunes filles dans l’évangile de Matthieu se trouve dans la partie qui parle de la destruction du temple de Jérusalem, de la fin du monde et de la venue du Fils de l’Homme pour le jugement dernier. Le Christ nous demande d’être prêts. Au lieu de juger les autres, que chacun cultive ses talents et se tienne prêt pour le jour du jugement dernier. Ce jour viendra comme un voleur. Car le Fils de l’homme vient à l’heure que vous ne savez pas !
Ce n’est pas pour nous faire peur, mais pour nous inviter à la conversion et au changement de mentalités quant aux réalités spirituelles de nos traditions, us et coutumes du Gabon. La Déclaration Nostra Aetate, du 28 octobre 1965, sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes nous donne d’avoir une approche prudente, respectueuse et charitable des rites initiatiques du Gabon tel que le BWITI : En effet, ” L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses [4]. Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec les adeptes d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux. ” (Nostra Aetate n°2)
Chers frères et soeurs, la mort peut arriver partout : en voiture, en bateau, en avion, dans sa chambre à coucher, dans sa salle de bain, dans sa salle de séjour, dans une église en pleine messe ou dans un temple traditionnel en pleine veillée d’initiation… Le lieu où la mort nous trouve importe peu, ce sont les dispositions intérieures dans lesquelles la mort nous trouve qui nous ouvrent les portes de la vie ou de la mort ! Il y a de nombreux signes positifs dans le décès de Serge Pasco BANYENA : Il est né un 17 juillet et il a été rappelé à Dieu un 17 août ! Un mois après avoir fêté son 52 ème anniverssaire de naissance. 52 c’est 5+2 = 7 ! Dans la Bible, le chiffre 7 est hautement symbolique : les 7 jours de la création, Dieu se reposa le 7ème jour ! Les 7 Esprits de Dieu, les 7 dons du Saint Esprit, les 7 premiers diacres, les 7 églises du livre de l’Apocalypse, les 7 sacrements de l’Eglise, etc. Serge Pasco BANYENA n’était donc pas un petit esprit !
C’est pourquoi nous rendons grâce à Dieu pour ce qu’il a été pour chacun de nous. Il est né le 7ème mois de l’année et il est reparti le 8ème mois de l’année. On peut dire que tout est accompli pour Serge et nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu : ” Je te rendrai grâce avec ma harpe, Dieu, mon Dieu ! Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce : il est mon sauveur et mon Dieu ! ” Amen !

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