Petite catéchèse apologétique à l’adresse de Sieur BITOME

Par Abbé Serge- Patrick MABICKASSA, Directeur de la Maison Catholique des Médias.

Eclairages suite à la vidéo de Sieur BITOME tournée sur la cour avant de l’église paroissiale Saint Pierre de Libreville.

De son vrai nom Bienvenu EFFAYONG OBAME, BITOME est un gabonais bien connu pour ses publications signées : « Les vérités de BITOME », son humour pimenté sur la toile et ses envolées laudatives à l’endroit du CTRI et du Gle de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, Président de la Transition, Chef de l’Etat. Ainsi, lors des cérémonies marquant le 64ème anniversaire de l’independance du Gabon, le 17 août 2024 dernier, il a été fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite Gabonais à Kango, sa ville natale.

Cependant, si l’homme est admiré pour son courage, son intégrité, son franc-parler et son engagement pour la justice sociale, sa dernière vidéo, tournée sur la cour principale de l’église paroisiale saint Pierre de Libreville et les propos tenus contre l’église et sa hierarchie méritent quelques recadrages, autant dire que cette sortie malheureuse mérite une petite catéchèse.

Avec BITOME, nous soutenons les sentiments de gratitude qui l’animent face à ce geste du Président de la République, qui a doté la paroisse Saint Pierre d’une cour principale en béton. Nous saluons la bonne action de ce paroissien et fils de l’Eglise Catholique et nous prions pour que le Seigneur ne cesse de lui combler de sagesse, de force et d’intelligence dans la conduite bienheureuse de la transition politique au Gabon. Du reste, c’est la prière constante que formule à son endroit, Son Excellence Mgr Jean Patrick IBA-BA, Archevêque métropolitain de Libreville, lui qui a encouragé l’ensemble des fidèles de son Diocèse et , partant, ceux du Gabon tout entier, à prier pour la Transition et pour les nouvelles autorités du pays.
Toutefois, contrairement à sa description alarmiste et apocalyptique de l’état de la cour principale de la paroisse Saint Pierre avant cette bonne action du Président OLIGUI NGUEMA, il faut dire qu’il existait là une oeuvre en goudron. Et, même si par endroits, ce goudron portait les stigmates de son grand âge, il n’y a jamais eu de boue en ce lieu et les grandes fêtes paroissiales et mêmes diocésaines se déroulaient là sans grands désagréments. Le dernier grand rassemblement des jeunes de l’Archidiocèse de Libreville s’y est tenu avec succès, en la solennité du Christ Roi de l’Univers, le dimanche 24 novembre 2024 dernier.

Du point de vue de l’histoire des relations entre le pouvoir politique et l’Eglise, il faut aussi dire que l’action du Président OLIGUI NGUEMA n’est pas nouvelle. Au 4ème siècle, en effet, pour ne citer que cet exemple, l’empereur Constantin, s’étant converti au christianisme, a offert des belles et majestueuses basiliques à l’Eglise, notamment la Basilique Saint Pierre de Rome. Et, plus près de nous, l’église paroissiale Saint Pierre, dont il s’agit, est le don du Président Omar Bongo ONDIMBA, du fait que l’actuel Présidence de la République a été construite sur l’emplacement de l’acienne paroisse Saint Pierre de Libreville et du Jardin d’enfants des soeurs de l’Immaculéee Conception, encore appelées Soeurs Bleues. La première pierre de cette église paroissiale a été providentiellement posée lors de la visite apostolique du Pape Jean-Paul II en février 1982, alors que Son Excellence Mgr André-Fernand ANGUILE, de vénérable mémoire, était archevêque de Libreville.
De plus, pour ne pas la citer, la cathédrale Saint Jean-Apôtre de Mouila, construite à partir de 2005 et consacrée en 2007, a également été offerte à l’Eglise par le Président Omar Bongo Ondimba …
Au sujet de l’incapacité, de la négligence, du refus ou de la supposée mauvaise foi de leurs excellences Mgr Basile MVE ENGONE, Archevêque émérite et de Mgr Jean-Patrick IBA -BA, actuel métropolitain de Libreville, à réfectionner la cour principale de l’église paroissiale Saint Pierre, il tombe sous le coup du bon sens qu’il s’agit là d’un faux procès d’intentions et d’une allégation tendancieuse et ignorante de certains aspects importants de la doctrine, de la vie et du fonctionnement interne des structures d’Eglise.

Il faut tout d’abord noter que l’idée selon laquelle on louerait des prêtres à 100.000f cfa pour des célébrations est fausse. Il existe ce qu’on appelle des honoraires de messes et ce n’est un secret pour personne : 5000 Fcfa d’intention de messe basse, 20000F Cfa pour une messe chantée (enterrement, action de grâce ou requiem), 30000 Fcfa pour une messe de mariage et 50000 Fcfa pour une messe de retrait de deuil. Il est important ici de saisir qu’il ne s’agit nullement d’un fond de commerce. Il est aussi bon de savoir que, selon les préceptes de l’Eglise, les fidèles chrétiens ont le devoir comme membre de subvenir aux besoins matériels de l’Eglise, chacun selon ses possibilités et comme le stipule l’apôtre Paul : « Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Corinthiens 9:7) Le geste louable du Président OLIGUI NGUEMA envers son église paroissiale s’incrit bien dans l’esprit et la lettre desdits préceptes de l’Eglise. Etant entendu que la grâce de Dieu n’a pas de prix et n’est donc pas commercialisable !

Quant au point sur lequel Sieur BITOME affirme qu’après Dieu au Gabon c’est le Général OLIGUI NGUEMA et que les fidèles Catholiques doivent donc le plus souvent citer le nom du Président de la Transition, après celui de Dieu durant toutes les célébrations à l’église, nous mettons cela dans le compte d’un débordement de zèle et d’une ignorance du canon de la messe. La communauté se rassemble, convoquée par le Christ, pour Adorer Dieu seul, Père, fils et Esprit Saint, dans la compagnie de la Bienheureuse Vierge Marie, Reine du Ciel, des Anges, des Archanges et de tous les saints. On prie pour le Pape, les évêques, les prêtres, les diacres, les catéchistes et tous les fidèles chrétiens. On prie aussi pour les tenants du pouvoir temporel.
Effectivement, l »Eglise Catholique au Gabon prie pour les autorités du pays et pour le succès de la transition, sans pour autant tomber dans une sorte de culte de la personnalité. A ce titre, il est écrit dans le livre de l’Exode : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux que moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ; mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur garde ma fidélité jusqu’à la millième génération » (Cf. Ex 20, 1-18).

Et, si BITOME dit toujours la vérité, cette fois-ci, l’émotion kounabéliste l’a entrainé un peu loin des rives de l’information véridique, juste, équilibrée et convenable. Voici donc, pour lui et pour tous, une petite catéchèse apologetique !