
Par Abbé Serge-Patrick MABICKASSA
Gn 15, 5-12.17-18 ; Ps 26 (27), 1, 7-8, 9abcd, 13-14 ; Ph 3, 17 – 4, 1); Lc 9, 28b-36
Pénitence, Partage, Prière ! N’est-ce pas très chers fidèles de la paroisse saint Jean Baptiste , le triple appel qui a résonné pour nous au début de ce temps de Carême. Nous sommes rendus au 2ème dimanche du temps de carême, la page d’évangile proclamée porte notre regard sur la Transfiguration, qui découle de la prière :
« Pendant qu’il priait, son visage changea d’aspect et ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante ».
Pierre, Jacques et Jean découvrent que la prière de Jésus est «t « ransfigurante». C’est vraiment une bonne nouvelle pour notre monde qui si souvent est défiguré par la haine, la violence, la rancune, les guerres, la course aux intérêts personnels.
Le premier témoignage que nous pouvons lui donner, c’est celui de notre prière.
Bien chers frères et sœurs , il ne vous est jamais arrivé de ressentir un moment de grâce dans la prière ? La prière , nous donne de faire le plein d’espérance et de joie.
Saint Ignace nous dit que cette joie est un des fruits de l’Esprit Saint tandis que la tristesse et le découragement sont les preuves la présence de Satan, l’adversaire.
Ce contact permanent avec le Seigneur ne peut que nous transformer.
En voyant Pierre, Jacques et Jean sur la montagne avec Jésus, je ne peux m’empêcher de penser à un autre épisode, celui de Gethsémani. Au soir du Jeudi Saint, au mont des Oliviers juste avant sa Passion, les amis de Jésus vont s’endormir.
Il est heureux de voir que les évangélistes n’ont pas cherché à redorer l’image des trois premiers amis de Jésus. Ce sont vraiment des hommes comme nous, avec leurs faiblesses.
Nous aussi, nous passons souvent à côté des événements les plus porteurs de sens.
Nous pouvons commencer le carême avec les meilleures résolutions. Puis au bout de quelques jours, nous nous endormons dans la routine et les habitudes.
Si notre prière est vide, ce n’est pas dû à l’absence de Dieu. C’est nous qui ne sommes pas présents à lui.
Le Seigneur est là ; il veille sur nous et il ne cesse de nous prier pour que nous revenions vers lui de tout notre cœur.
« Deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Elie apparus dans la gloire. » Nous nous rappelons que ces deux hommes étaient les seuls à avoir eu le privilège de bénéficier des apparitions de Dieu au Sinaï. Au jour de la Transfiguration, ce sont eux qui bénéficient de la manifestation du Fils de Dieu sur la montagne. Ils parlaient avec lui de son départ, « de son exode ». Oui, Saint Luc emploie le mot « exode ». Ce mot rappelle que Moïse a sorti son peuple de la servitude pour le conduire vers la terre de liberté. Avec Jésus, ce n’est pas seulement un peuple mais l’humanité toute entière qui est conduite vers sa libération définitive. Quelle ouverture !
Le temps de Carême est précisément là pour nous inviter à mettre le Christ libérateur au centre de nos vies. Mais il y aurait danger à vouloir s’installer dans le confort spirituel. Sur la montagne, Pierre se sentait tellement bien qu’il voulait bâtir trois tentes, une pour Jésus, une pour Moïse et une pour Elie, tout cela sans se préoccuper de ceux qui étaient en bas.
C’est pour nous protéger de cette tentation que Jésus ne permet que rarement ce moment de Thabor dans notre vie spirituelle.
Oui, bien sûr, cela peut arriver, et dans ce cas, il faut savoir rendre grâce au Seigneur.
Mais la vraie prière doit aussi nous amener à redescendre de la montagne pour marcher longuement dans la monotonie des plaines spirituelles.
Je finis en notant les mots qui viennent du ciel : « De la nuée, une voix se fit entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ». Depuis vingt siècles c’est le même appel qui est adressé aux croyants : « Ecoutez-le, faites-lui confiance même quand tout va mal dans votre vie. N’oubliez jamais que le mal n’aura pas le dernier mot. »
C’est vrai qu’il y a tant et tant de choses qui nous attirent ailleurs mais l’appel du Père est toujours présent : « Ecoutez-le… Revenez à lui de tout votre cœur ».
La prière est l’un des chemins qui nous permettra de nous rapprocher de lui.
La prière nous permettra de mieux comprendre le projet de Dieu pour qu’il devienne notre projet.
La prière nous aidera à changer notre regard sur les personnes et les choses pour adopter celui de Dieu.
Somme toute, frères et sœurs, l’Église nous invite à méditer en ce deuxième dimanche de carême l’Évangile de la Transfiguration de notre Seigneur Jésus Christ. La Transfiguration, nous fait voir la lumière jaillissante et éclatante de la face du Christ et tourne nos yeux vers le Fils bien-aimé du Père en qui nous devons mettre toute notre confiance. De ce fait, l’Évangile de la Transfiguration que nous avons contemplé, nous mène à Pâques où cette gloire sera encore plus manifeste. Jésus nous fait entrevoir cette gloire qui est un avant-goût de ce qu’il nous promet : La résurrection. Et si l’Église nous a entraîné dans la méditation de ce texte, c’est pour galvaniser , nous encourager à persévérer dans le choix des multiples résolutions que nous avons pris pour ce temps de carême. . La Parole de Dieu est là pour nous aider en ce temps favorable à la conversion et nous aide à aller de l’avant.
Seigneur Jésus, donne-nous de prêter l’oreille et le cœur à Ta Parole, ouvre-nous à la rencontre avec Toi et nos frères et sœurs, affermis nos pas sur ce chemin vers Pâques