Pour une communication responsable sur la problématique des îles MBanié, Conga et Cocotiers par la Cour Internationale de Justice

C’est à travers cette intervention du Sénateur de la Transition François Ondo Edou que nous appréhendons les méandres du savoir sur le litige frontalier entre le Gabon et la Guinée Equatoriale. Loin des manipulations globales des réseaux sociaux, l’interpellation des ministères concernés par le Sénat a apporté une lueur dans l’entendement des uns et des autres. Les historiens feront leur part, mais lieu est de considérer que des témoins vivants de cette affaire sont présents, et peuvent prendre une part active en cas de re-négociation sur ce conflit. Voici un des témoignage important, par:
François Ondo Edou

Depuis ma prise de parole au Sénat sur Mbanié, de nombreux compatriotes m’appellent pour m’adresser des félicitations et souhaitent, pour leur information et leurs archives, avoir une copie de mon intervention. J’accède donc à leurs demandes en publiant le texte intégral que j’avais préparé et que j’ai dû raccourcir, séance tenante, pour ne pas dépasser les trois minutes qui m’étaient accordées.
Intervention du Sénateur François ONDO EDOU à la plénière du Sénat ce 26 mai 2025.

Monsieur le Ministre,
C’est seulement au nom de la continuité de l’État, je le sais, que vous êtes aujourd’hui devant la Représentation Nationale pour répondre d’un problème dont n’est responsable ni le gouvernement auquel vous appartenez, ni le Chef de l’État, né avant le début de l’affaire Mbanié. J’aurais bien voulu avoir en face de la Représentation populaire que nous sommes, certains hommes qui, depuis fort longtemps, tirent les ficelles de cette affaire dans l’ombre. Hélas !
Merci pour la posture patriotique et républicaine dont vous faites montre !
L’Affaire Mbanié est un long feuilleton à rebondissements. Le premier épisode de ce feuilleton se passe en juillet et septembre 1974. A l’époque, je suis étudiant en journalisme. Événement d’actualité, je le couvre alors que je suis stagiaire à l’Agence Gabonaise de Presse. Les rencontres Omar Bongo/Macias Nguema se font à Bitam, Ebebiyin et Bata, Macias Nguema ayant refusé de se rendre à Mbanié où l’avait invité Omar Bongo. Petite anecdote, prenant la parole à Mbanié, le président Bongo en tenue de général, tient ces propos, je cite :  » il est où Macias ? Qu’il vienne, lui qui se dit Grand Maître de la science et de la culture. Quelle culture ? Il peut me mettre sur le banc de l’école, moi Bongo ? » Fin de citation.
A Bata en septembre, après de longues semaines de discussions, les 2 chefs d’État signent le Traité de Bata qui reconnaît la souveraineté du Gabon sur l’île de Mbanié.
Je ne sais pas si les informations, largement relayées par les médias et les réseaux sociaux sont exactes. L’original de ce Traité de Bata, dit-on, serait porté disparu. Vrai ou faux ?
Il vous appartient d’expliquer aux gabonais qui nous suivent en ce moment si, dans un pays sérieux, un document de cette nature peut à jamais disparaitre ? Aux gabonais d’imaginer qui, dans l’entourage du président Omar Bongo de l’époque, pouvait accéder à des dossiers aussi sensibles, confidentiels et stratégiques. Dans quel but et pour quel dessein se livrait-on à de telles manœuvres ?
Quelques années avant la mort d’Omar Bongo, le dossier médical de l’ancien président serait subitement devenu introuvable. Les soupçons se sont portés sur la fameuse main noire. Manifestement , elle s’employait déjà à mettre en place des stratégies pour la succession d’Omar Bongo Ondimba. Un jour les historiens éclaireront bien plus les nombreuses zones d’ombres de cette succession.
Deuxième épisode de l’affaire Mbanié, nous sommes en 2006. Elle devient un motif de règlement de compte politique. A l’époque je suis Conseiller Spécial du Président de la République auprès du Ministre d’État André Mba Obame. Ce dernier, à la demande du président Omar Bongo, effectuait des missions en Guinée Équatoriale pour trouver une solution pérenne à cette affaire. Visionnaire, l’ancien président était convaincu que la Cour Internationale de Justice trancherait difficilement le litige en faveur du Gabon. Raison pour laquelle André Mba Obame et lui orientaient la réflexion vers une cogestion des ressources de l’île querellée. Les autorités equato guinéennes étaient déjà consentantes.
C’est précisément à ce moment que des personnes tapies dans l’ombre, beaucoup plus préoccupées par la succession que par le règlement d’un conflit territorial, inondent la presse de fausses informations. Des journaux sont créés à tout va, dans le seul objectif de salir la réputation d’un compatriote qui, lui aussi, pense déjà à la succession d’Omar Bongo. Mba Obame veut vendre Mbanié, lit-on dans une toute nouvelle feuille de choux. Les journalistes – ô que dis-je – les journaleux qui dirigent ces organes, vous les connaissez très bien, parce qu’ils inondent encore la toile de fake news et autres lives : Wilfried Okoumba, Raphaël Ntoutoume Nkoghe et d’autres qui se reconnaîtront sans doute en m’écoutant.
J’ai choisi d’exercer le métier de journaliste, avec pour seul souci de toujours apporter l’information vraie, afin d’éclairer l’opinion. Je vais, encore une fois, l’assumer !
Les gabonais suivent en direct, à la radio et la télévision, la présente séance plénière. Je ne raterais pas une si belle occasion pour donner certaines informations qui rétablissent la vérité des faits qui se sont produits à l’époque !
J’ai donc pu parcourir mes archives et je vous rappelle les titres de certains de ces journaux à sensations :

  • Mba Obame trahit le Gabon pour servir la Guinée Équatoriale ( Le Crocodile numéro 9 )
  • Accusé, trouvez un bon avocat ! (Le Crocodile numéro 9)
  • Mbaniégate : quand le Premier ministre veut tronquer la vérité ( Le Mbandja numéro 1)
  • Scandale politico financier de l’île Mbanié (Le Mbandja numéro 1)
  • Mba Obame pris la main dans le sable ( Le Crocodile numéro 17)
  • Mba Obame, Toungui et Ndemezo’Obiang traduits devant la Haute Cour de Justice ( Le Crocodile numéro 14)
  • André, Paul et René : les trois comploteurs ( Le Crocodile numéro 16).
    Voyez-vous, au lieu de trouver une solution pérenne à la question qui allait toujours rejaillir avec le temps, les hommes de l’ombre préféraient la diversion et s’employaient plutôt à vouloir régler les comptes à André Mba Obame qui apparaissait comme un concurrent sérieux à la succession d’Omar Bongo. Ils ont même fait pression sur Omar Bongo afin que Mba Obame soit traduit devant la Haute Cour de Justice pour haute trahison.
    Troisième et dernier épisode, le verdict de la Cour Internationale de Justice. Il confirme bien ce que craignaient Omar Bongo et André Mba Obame. L’île Mbanié revient à la Guinée Équatoriale. Mais, Monsieur le Ministre, ne trouvez-vous pas singulière cette coïncidence calendaire avec l’exil d’Ali Bongo ? On savait depuis des années la date à laquelle devait être rendu l’arrêt de la Cour Internationale de Justice. La seule date que personne ne pouvait imaginer est celle du départ en exil du président déchu, à la suite de très fortes pressions des chefs d’État africains et de la communauté internationale. Nous sommes en capacité d’imaginer par comment nous sommes arrivés à cette malheureuse coïncidence calendaire.
    Nous ne sommes vraiment pas naïfs et comprenons bien que quelque part, on veut mettre en difficulté le nouveau pouvoir. Et comme par hasard, on recommence à distiller des contre vérités dans les médias et les réseaux sociaux sur une supposée cession de l’île Mbanié à la Guinée Équatoriale par Brice Clotaire Oligui Nguema.
    Ma dernière question, Monsieur le Ministre, va-t-on un jour avoir toute la lumière sur cette affaire de Mbanié ?
    Je vous remercie !

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