Homélie prononcée à l’occasion de la clôture de la retraite des Prêtres de Libreville

“Au moment où nous quittons ce centre spirituel et retournons à nos occupations efforçons nous d’être saints dans nos cœurs, dans nos paroles, dans nos œuvres”. Ce sont là des parole du Père André APANGA MEZONS, Prêtre du diocèse de Doumé Abonban au Cameroun, Père spirituel au Grand Séminaire Interdiocésain de Bertoi, Professeur d’Anthropologie chrétienne qui a prêché une retraite de l’Archidiocèse de Libreville à la demande de Mgr Jean Patrick IBA-BA. Cette retraite qui a ouvert ses portes au Foyer de charité de Libreville, le 30 juillet 2024 s’est clôturée le samedi 6 juillet 2024. Nous publions ici l’homélie de la messe de clôture de cette retraite spirituelle.

Chers confrères dans le sacerdoce, nous sommes venus établir un contact réel avec Dieu pour progresser dans la sainteté et permettre à l’Esprit de générer Jésus en nous, Fils unique de Dieu. Nous sommes venus à partir du cœur de Dieu, comprendre le cœur de l’Homme. Parvenus au terme de notre retrait, nous voulons rendre grâce à Dieu pour les merveilles accomplies, pour les grâces reçues par chacun dans ce foyer de charité, ce lieu de rencontre de l’Homme avec Dieu, de l’Homme avec Marie et de l’Homme avec les autres Hommes. De fait, la finalité de toute grâce reçue est toujours indissolublement personnelle, mais aussi communautaire. Chacun de nous est responsable de sa rose (l’âme) parce que la rose est faible, fragile, délicate et a besoin d’être entretenue. Croire en fait, c’est avoir une histoire personnelle avec Dieu et avec les frères. Nous complétons notre histoire en retournant à Dieu. Ce temps s’est ouvert à nous pour parler de nous, pour réfléchir sur notre identité de prêtre, sur notre vocation, ceci pour une compréhension renouvelée de notre ministère et pour un service efficace dans un monde devenu complexe et perplexe. Nous sommes les chercheurs de félicité, des chercheurs de perles, des mendiants, des indigents de Dieu, des pèlerins de l’infini, des hommes qui cherchent leur réalisation en Dieu et qui se rendent disponibles pour le service de Dieu et des frères. Notre sacerdoce est une participation ontologique à la personne du Christ et fête. La vie et le ministère du prêtre sont une continuation de la vie et de l’action du Christ. C’est cela notre identité, notre dignité, la source de notre joie, la certitude de notre vie. C’est dans ce sens qu’un archevêque de l’Eglise en Pologne disait : <>. Il s’agit ici d’un mystère, d’un trésor que nous portons dans les vases d’argile. Ce mystère et ce ministère sacré suscite en l’Homme deux attitudes : le fascinisum et le tremendum (la séduction et l’attraction mais aussi la crainte).
Nous honorons aujourd’hui la Vierge Marie, la Mère des prêtres. Elle apprend aux prêtres à écouter La Parole de Dieu, à prier. Elle est présente comme médiatrice et elle apprend aux prêtres à intercéder pour les Hommes, à être obéissants, à mettre en pratique les commandements de Dieu. En donnant la vie au Christ, elle donne la vie aux prêtres. Elle apprend aux prêtres à communier aux souffrances du Christ (Jn. 19, 25-27). Elle enseigne aux prêtres par sa dignité, à vivre le célibat consacré. En fait, les fils dévots sont ceux qui savent imiter les vertus de leur mère. Parmi les graves contradictions de la culture relativiste, on constate aujourd’hui une authentique désintégration de la personnalité causée par l’obscurcissement de la vérité sur l’Homme. Le danger de l’aridité, de l’atrophie ou encore de l’anémie spirituelle ainsi que le danger du dualisme dans la vie sacerdotale sont aux aguets. La vie spirituelle en fait, doit s’incarner dans l’existence de chaque prêtre par la liturgie, la prière personnelle, le style de vie et la pratique des vertus chrétiennes, qui contribuent à la fécondité de l’action ministérielle. L’identification au Christ exige du prêtre qu’il cultive un climat d’amitié et de rencontre avec le Seigneur Jésus et qu’il se mette au service de l’Eglise, Son Corps envers lequel le prêtre manifestera son amour en accomplissant fidèlement et sans défaillance les devoirs de son ministère pastoral.


Le soin porté à la vie spirituelle éloigne le prêtre de la tiédeur, de la monotonie, de la sclérose, de l’oisiveté, du découragement, de la vulgarité. La spiritualité du prêtre consiste principalement en une profonde relation d’amitié avec le Christ qui l’appelle à venir auprès de Lui (cf. Mc 3,13). La garantie de la fécondité du ministère sacerdotal plonge ses racines dans une vie intérieure. La garantie de la fécondité du ministère. Dans le monde d’aujourd’hui, on doit faire face à tant de taches, on est pressé par tant de problèmes divers. Nous devons éviter d’être les petits Jonas d’aujourd’hui, de nous laisser embarquer dans les bateaux à grande vitesse qui, au lieu de nous conduire à Ninive, nous conduisent plutôt à Tarsis, nous conduisent à la dispersion et à la sécularisation du sacerdoce. Nous ne sommes pas les fonctionnaires du sacré. Pour vaincre les défis de la mentalité sécularisée qui caractérise notre siècle, nous devons prendre soin de réserver la primauté absolue à la vie spirituelle pour demeurer toujours aux côtés du Christ. Le dialogue personnel avec le Christ, la relation avec le Christ est une priorité pastorale fondamentale. L’Eglise a besoin aujourd’hui d’un clergé animé et concret travailleur et réalisateur, pauvre et généreux, enthousiaste, sans ambition de carrière et titre, animé plus de faits que des discours, proche du peuple de Dieu, des ses peines, des promotions dans le monde du travail, de sa préparation sérieuse et consciente aux responsabilités de la famille, un clergé capable d’engendrer, de nourrir, de défendre et de fortifier la foi des fidèles du Christ. Le prêtre est un constructeur de pont entre le Divin et l’Humain, il est un homme tourné vers Dieu, puis qui se tourne vers les Hommes en vue de les tourner vers Dieu.
L’Evangile nous présente une tension entre Jésus et les pharisiens. Ils vont d’incompréhension en incompréhension et plus le temps passe, plus la tension monte. La réponse de Jésus au sujet du jeûne est révolutionnaire et évolutionnaire. Il faut se laisser surprendre par la nouveauté du Christ. L’Evangile n’est pas << raccommodage>>, c’est du <>, il faut choisir, soit on reste dans le <>, les vieux usages, les vieilles coutumes, soit on s’introduit à la nouveauté, au renouveau, à jeunesse. La religion chrétienne n’est pas une religion du permis ou du défendu. A la question, pour ses disciples ne jeûnent pas, mangent boivent et sont en fêtent, Jésus répond que ses disciples sont des invités d’une noce, ils ont l’époux avec eux, ce sont des gens heureux, des gens joyeux. C’est le temps des noces de Dieu avec l’Homme, c’est le temps de la joie. Beaucoup conçoivent la vie chrétienne comme un ensemble d’interdits. A la fin, au lieu de d’obtenir des Hommes joyeux, épanouis, on devient des frustrés des saints tristes, or un saint triste est un triste saint. <>, affirment le Christ. Il s’agit ici d’une allusion à la mort de Jésus.
Dieu a un projet de bonheur pour chaque Homme. La vie n’est donc ni un éternel vendredi saint, ni encore moins un éternel jour de fête. Le mystère de la vie comporte et les joies et les peines. Bon nombre de chrétien aujourd’hui sont exilés de leur être, sont des chrétiens extravertis qui souffrent de la maladie d’occupation, oubliant de réfléchir sur eux-mêmes. Un adage dit que l’oiseau qui passe son temps à critiquer les autres, à la fin ne réussit jamais à construire son nid. Beaucoup de personnes dira Saint Augustin, vont contemples les vagues des mers, Elles vont admirer les cimes des arbres ainsi que les rondeurs et les hauteurs des montagnes mais oublient de réfléchir sur eux-mêmes. Il nous faut donc sortir des voies de l’hypocrisie, des voies des critiques acerbes, de l’oubli de nous-même pour vivre un rapport vrai avec le Christ et avec les frères.
Demandons au Seigneur de nous épargner des vices des pharisiens. Chers confrères dans le sacerdoce, au moment où nous quittons ce centre spirituel et retournons à nos occupations efforçons nous d ’être saints dans nos cœurs, dans nos paroles, dans nos œuvres. Que chacun fasse sienne ses paroles de Mgr Isidore DESOUZA, ancien archevêque de Cotonou, lors de son 25ème anniversaire sacerdotale, il disait ceci : <>

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