La Doctrine Sociale de l’Eglise Catholique et la défense de la personne humaine et sa dignité

Abbé Dr Elias ANGA NGOUA, directeur spirituel au séminaire saint Jean de Libreville.

Le Thème jubilaire de cette année: Pèlerins d’espérance doit nous amener à le vivre dans cette dimension chère à notre pensée sociale qui en réalité place l’humain en tant que personne humaine au centre de cette démarche jubilaire. Des questionnements essentiels peuvent naître ou surgir en nous : Peut-on ou doit- on vivre cette dimension jubilaire de l’espérance sans valoriser l’essence ontologique de l’homme? L’homme n’est-il pas finalement ce chemin de l’espérance? Cette espérance n’est – elle pas en réalité une revalorisation de la personne humaine et de toute sa dignité?
Nous voulons premièrement rappeler ici que c’est le Pape Jean Paul II dans sa première encyclique , Redemptor hominis qui place la personne humaine au centre de l’enseignement social. Il précise à juste titre que toutes les routes de l’Eglise vont vers l’homme. Le terme espérance devient donc une réalité théologique qui se constitue de manière rationnelle en un chemin de rencontre avec Dieu de manière fondamentale. Pour la doctrine sociale de l’Eglise, la personne humaine est le centre majeur de la société et elle en est aussi le premier sujet et non une simple idée de pensée. Elle est aussi sujet à la fois des droits et des devoirs. L’année jubilaire de l’espérance devient comme une invitation à reconnaître la personne humaine comme le centre de la vie et du monde, elle est comme nous aimons chanter « une histoire sacrée ». Cette dimension sacrale de l’homme est aussi en marche, en pèlerinage vers le Royaume des Cieux. Le chemin de l’espérance indique le naturel entre Dieu et la personne humaine. Il existe ici deux fondements: l’homme image de Dieu, un fait qui entraîne et reconnait une dignité intouchable, mais également ce que nous pouvons nommer de façon philosophique et morale la réalité de son intelligence.
L’Église via sa doctrine sociale donne un véritable sens théologique à cette dignité de la personne humaine. Retrouvons dans cette méditation le texte de Rerum Novarum du Pape Léon XIII au no 32,& 3 qui nous rappelle ce qui suit: » Il n’est pas permis à personne de violer impunément cette dignité de l’homme que Dieu lui- même traite avec un grand respect, ni d’entraver la marche de l’homme vers cette perfection qui correspond à la vie éternelle et céleste. Bien plus, il n’est même pas loisible à l’homme, sous ce rapport, de déroger spontanément à la dignité de sa nature, ou de vouloir l’asservissement de son âme. Il ne s’agit pas en effet de droits dont il ait la libre disposition, mais de devoirs envers Dieu qu’il doit religieusement remplir. »

Pèlerins de l’espérance, c’est une reconnaissance appropriée et des droits et des devoirs de la personne humaine ceci en tant que reflet parfait de Dieu, son image et sa ressemblance C’est aussi une marche nouvelle qui vise à mieux comprendre les nouvelles conceptions dont le monde peut en venir jusqu’à nier et la liberté et la dignité de l’homme Pèlerins de l’espérance, c’est l’affirmation absolue que malgré les évolutions constatées de façon multiforme dans le monde et dans notre société africaine, la personne humaine est plus importante que la production, les institutions à restaurer et les systèmes idéologiques mettant en péril toute l’existence humaine.
Même sur le plan philosophique et dans l’esprit des philosophes des Lumières, la dignité est liée à l’exercice de la raison et de la liberté qui permet à l’homme de s’affirmer de manière totale et sans contrainte extérieure. En Afrique et dans le monde, reconnaissons et affirmons que ce pélérinage de l’espérance est comme un appel divin qui indique son opposition et tout son refus aux multiples atteintes à la dignité humaine: l’expression de la liberté, empêchement de voter, usage de la violence, envoi arbitraire en prison.
Pèlerins de l’espérance jubilaire nous lance un appel de reconnaissance: l’homme est plus que tout ce qu’il crée et ce qu’il fait. Il appartient à une communauté. Il appartient à une communauté qui lui donne sens et à qui il donne sens et il est une réalité personnelle et sociale, faite de multiples dimensions dont aucune en réalité n’est séparable du reste : dimensions matérielle, spirituelle, personnelle et même relationnelle. Ce qui est à noter ici, c’est aussi cette jonction théologique et philosophique dont le point de fixation tourne davantage autour de la question vaste des droits de son applicabilité constante: là se trouve une perspective pratique de l’espérance tenant compte de la trilogie: voir- juger et agir. l’année jubilaire qui vient de s’ouvrir interpelle toutes les consciences afin de parvenir de manière résolue à reconnaître que le chemin de l’espérance , c’est aussi cette appropriation de la doctrine sociale de l’Eglise qui consiste essentiellement à la promotion de la dignité de l’homme, le sens du bien commun, de la liberté et de l’épanouissement de la personne humaine.
L’Eglise s’intéresse à la question sociale qui met l’homme dans son rapport à la société. Le chemin de l’espérance en cette année jubilaire montre en définitive cet intérêt de l’Eglise sur la société humaine qui est en marche , en pèlerinage vers le Ciel de Dieu. Il s’agit pour l’Eglise dans ce sens de chercher des moyens et des outils à mettre en évidence durant cette année jubilaire 2025 pour voir appliquer l’ensemble des valeurs émanant de sa doctrine sociale en tant que discours social qui consiste à la réelle prise en considération de l’humanité et de tout homme.

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