Meditation du jeudi de la 32e semaine du Temps ordinaire année liturgique B


Textes : Phm 7-20 ; Ps 145 ; Lc 17, 20-25.
Ami(e)s de Dieu, ce matin méditons ensemble la première lecture qui nous parle du rapport entre l’évangile et l’esclavage. Très souvent, des griefs ont été formulés à l’endroit de la Bible comme quoi, elle a encouragé l’esclavage. Le court billet à Philémon développe le contraire. Paul s’adresse à un de ses fils à qui il a donné la vie d’enfant de Dieu par le baptême. Ce dernier s’appelle Philémon. C’est un riche Colossien, converti au christianisme et chez qui se réunit la communauté chrétienne. L’apôtre lui écrit sous le modèle des lettres privées de l’époque ancienne. Philémon a un esclave nommé Onésime. Cet esclave s’est évadé de chez son maître pour trouver refuge chez Paul. Il faut le savoir, la vie sociale gréco-romaine reconnaît l’esclavage comme institution sociale normale et naturelle. La plupart des travaux sont accomplis par les esclaves, traités comme des objets. Ils peuvent être achetés ou vendus. L’esclave n’a aucun droit, il n’a que des devoirs. Son maître a droit de vie ou de mort sur lui. Sa sécurité sociale dépend de l’humeur de son patron. Cette surexploitation de l’homme par l’homme est justement matérialisée par certaines épitaphes que l’on retrouvait sur la tombe d’un esclave par exemple : « Je suis enterré ici, moi, Lemiso ; seule la mort a interrompu mon travail » (cf. corpus Inscriptionum Latinarum, VI, 6049). On peut donc comprendre la fuite d’Onésime. Ce dernier va recevoir des mains de Paul, le baptême. C’est ce nouveau statut qui permet à Paul de proposer un nouveau rapport, une attitude chrétienne que doit afficher Philémon face à l’esclave Onésime : « non plus comme un esclave, mais, bien mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé » (Phm 16). Le terme « bien-aimé » en grec est « agapetone », il exprime l’amour divin, au sens de celui qui est capable de se sacrifier pour le bien-être de l’autre sans rien attendre en retour. C’est l’amour au sens de celui qui estime tout le monde en dépit de sa catégorie sociale. Paul opère ici une véritable révolution dans le rapport de maître à esclave. Le maître doit être capable d’avoir un autre regard sur son esclave en allant jusqu’au don de soi. Maître et esclave, tous baptisés sont désormais un dans le Christ : « Il n’y a plus esclave, ni homme libre, vous êtes tous un dans le Christ » (Gal 3, 23). Bien-aimé(e)s dans le Seigneur, ce texte de Paul nous montre que la Parole de Dieu ne fait pas l’éloge de l’asservissement. La Parole de Dieu défend le faible et vise la fraternité universelle. Paul nous enseigne également que le rapport de patron à employé doit être fondé sur le respect et l’amour réciproque. Que le Seigneur nous donne la grâce de cultiver un rapport fraternel vis-à-vis de ceux qui sont à notre service.
Abbé Pamphile ASSOUMOU MVOMO

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