
Nous fêtons saint Eusèbe, évêque. Mémoire facultative. La couleur liturgique est le vert.
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison », dit Jésus. La Parole portée par les prophètes séduit en même temps qu’elle dérange. Elle n’est pas simple parole humaine; les prophètes parlent de la part de Dieu. La lumière de la Parole dont ils sont porteurs ouvre les portes de l’espérance, apporte la consolation mais aussi secoue nos indifférences et dénonce le mal. Face au mal et à ses oeuvres faisant tant de captifs, Jésus a déployé une telle puissance de libération qui faisait dire aux siens: « D’où lui vient tout cela ? »
Malgre ce déploiement de puissance de Jésus, il a été méprisé par beaucoup autour de lui. La résistance de nos passions, préjugés et égos nous porte souvent plus spontanément à faire taire ceux qui nous dérangent. Ignorer, étouffer ou combattre toute parole de vérité, de justice, et d’amour, surtout lorsqu’elle nous interpelle. Comme Jésus, et les prophètes avant lui, nous n’en serons pas épargnés. La triste expérience du rejet de nos contemporains se nourrira souvent de préjugés quant à nos origines ou à un statut où l’on tend à nous réduire : « N’est-il pas le fils de… ? Alors, d’où lui vient tout cela ? »
Les auditeurs du prophète Jérémie, exacerbés, se saisirent de lui en disant : « Tu vas mourir ! Pourquoi prophétise-tu, au nom du Seigneur? » Ces situations, attitudes de mépris font tomber les masques de la religiosité de surface ou de la piété de façade. Même les plus assidus à une certaine pratique religieuse résistent aux appels de la Parole à la conversion. Des priants parmi les plus insoupçonnés deviennent de véritables pourfendeurs des prophètes autour d’eux et dissimulent leur refus de se convertir sous des prétextes les plus étonnants.
Comment expliquer que le tissus social tende à se dégrader toujours plus là où abondent de nouvelles offres de religiosité? Le spectaculaire foisonnement des églises dites de réveil, et la race des prêtres exorcistes qui naissent çà et là, véritables prédateurs de naïves personnes en quête de bonheur inquiètent. Les veritables porteurs de la Parole, prophètes fidèles par leur baptême, en font souvent les frais. Ils sont mis à l’écart de cette course de nouveaux pasteurs trop souvent motivés par autre chose que cette urgence de porter la Parole du Christ au monde.
Les systèmes politiques peu ouverts à la saine critique constructive sont une cause veritable de préoccupations. La censure, souvent basse et éhontée, qui s’abat aveuglement sur le noble citoyen qui ne demande qu’à participer au but commun de bâtir une société plus juste doit nous préoccuper au plus haut point. On ne fait pas obstacle impunément à la vérité.Toutefois, les résistances venues de nos fragilités, les structures sociales du péché, et les assauts du démon ne prévaudront jamais sur la puissance de la Parole de Dieu, pour sa seule gloire et le salut du monde.
Un vendredi de paix et de bonheur à tous !
P. Alain Mb. Cssp