
La paroisse Sainte Thérèse d’Essassa s’est vue aggrandi le 17 septembre 2025 du fait de la présence de nombreux fidèles du Christ venus participer à la messe des funerailles du frère Daniel Stelmaszek de l’ordre des frères Mineurs Capucins qui a été missionnaire au Gabon. La messe a été présidée par Mgr Ruffin NGOUBOU, vicaire général de l’archidiocèse de Libreville et aussi la présence de Mgr Piotr BIELASZKA, chargé d’affaires a la ́nonciature apostolique au Gabon et de ́nombreux prêtres, religieux, religieuses. et laïques. Nous publions ici l’homélie prononcée par le frère Piotr WROTNIAK.
l’Enfant Jésus à Essassa
(Apocalypse 20,11-21,1 ; Luc 12, 35-40)
Chers confrères dans le sacerdoce, chères sœurs et frères de la vie consacrée, chers amis du frère Daniel, frères et sœurs, bien-aimés dans le Christ,
Aujourd’hui, en tant qu’Église de l’archidiocèse de Libreville et comme Frères Capucins, nous disons au revoir à l’un des nôtres, ancien missionnaire, le frère Daniel STELMASZEK, Capucin, missionnaire au Gabon entre 2006 et 2024. Sa mort, survenue en Pologne, nous a surpris, elle est venue si brusquement. En ce moment, en communion avec sa famille spirituelle et biologique, nous célébrons cette messe de funérailles. Nous nous tournons vers Dieu et vers sa Parole pour mieux comprendre ce triste événement.
En tant que chrétiens, notre vie est centrée sur le mystère pascal du Christ, sur sa mort et sa résurrection. Ce mystère, que notre frère célébrait chaque jour dans la sainte messe en tant que prêtre, nous rappelle notre Pâque : le passage inévitable de la vie à la mort, et de la mort à la vie.
Père Daniel, organisateur zélé du pèlerinage de Ntoum à Cocobeach, nous répétait souvent que notre vie est un pèlerinage, que nous sommes des pèlerins sur cette terre et qu’un jour nous arriverons à notre destination. En cette année jubilaire – Pèlerins de l’espérance – il est arrivé, nous l’espérons, à la maison du Père.
Nous aussi, nous espérons y arriver. Mais avant, la Parole de Dieu nous invite à rester en tenue de service, la ceinture autour des reins et les lampes allumées. Cette Parole – que frère Daniel a mise en pratique malgré ses limites et sa faiblesse humaine – il l’a vécue en donnant sa vie au service du Christ comme prêtre dans l’Ordre des Frères Mineurs Capucins. Comme il en témoignait, il a ressenti pour la première fois l’appel missionnaire alors qu’il n’avait que dix ans : il écoutait les récits des missionnaires venus d’Afrique, et ce témoignage l’a touché au point de vouloir, lui aussi, se donner. Il était également marqué par les écrits missionnaires qu’il découvrait dans la littérature religieuse.
Il entra alors dans l’Ordre des Capucins. Après son noviciat, il fit ses premiers vœux en 1998. Après ses études de philosophie et de théologie, il fut ordonné prêtre en 2004. Jeune prêtre, il servit pendant un an dans la pastorale près d’un couvent à Biała Podlaska, surtout comme enseignant de religion dans un lycée. Il fit ensuite une année de préparation missionnaire dans un centre pour futurs missionnaires à Varsovie. Le 13 décembre 2006, il rejoignit la terre gabonaise où il servit d’abord comme vicaire à Cocobeach. Après sept ans, il fut envoyé à Essassa comme vicaire, puis en 2017 nommé curé. En 2020, il retourna pour deux ans en Pologne, puis repartit à Cocobeach. En novembre 2024, il revint en Pologne pour des raisons de santé, surtout à cause du paludisme qui revenait très fréquemment.
Durant sa dernière année, il se mit en tenue de service auprès des plus pauvres à Varsovie, dans le centre des Capucins pour les sans-abri. Il servait les repas et organisait la pastorale autour des plus démunis. Il avait reçu l’accord de ses supérieurs pour repartir en mission, cette fois en Suède, où il pensait servir quelques années, sans exclure la possibilité de revenir au Gabon, où il avait laissé son cœur.
Le frère Daniel était vraiment en tenue de service : auprès des jeunes, des enfants, des paroissiens, des pèlerins. Il n’était peut-être pas un bâtisseur ou un constructeur – et tous les missionnaires n’ont pas à l’être – mais il avait une âme d’artiste. Il aimait organiser des pièces de théâtre avec les jeunes de la paroisse, parmi lesquels il discernait des talents. En regardant cette église, nous pouvons voir combien de temps il a consacré à peindre des images de Jésus et des saints. Les églises de Cocobeach et de Ntoum en portent aussi témoignage.
En tant que frères Capucins, qui l’ont connu de l’intérieur, nous pouvons dire qu’il était avant tout fraternel, toujours prêt à aider, animateur de la vie fraternelle, soucieux du bien des autres.
C’est en pratiquant son sport préféré, le patin, qu’il a été victime de l’accident vasculaire cérébral qui l’a fait tomber et rester quelques jours dans le coma, avant d’être rappelé par le Seigneur.
En restant en tenue de service, il était prêt, nous croyons, à cette rencontre, même s’il n’y pensait pas encore.
Saint François d’Assise, dont nous célébrons aujourd’hui la fête des stigmates dans notre famille franciscaine, composa il y a exactement 800 ans le Cantique des créatures. Il en fit d’abord une première version, puis y ajouta une strophe pour réconcilier le maire et l’évêque d’Assise. Enfin, sentant sa mort proche, il ajouta :
« Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur la Mort corporelle, à laquelle nul homme vivant ne peut échapper. Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels ! Bienheureux ceux qu’elle trouvera en tes très saintes volontés, car la mort seconde ne leur fera pas mal. »
Oui, la mort corporelle, notre sœur, est inévitable. Saint François nous rappelle que la plus dangereuse est la « seconde mort », selon l’Apocalypse. C’est d’elle que nous devons avoir peur et chercher à tout prix à l’éviter. Tant que nous sommes en vie, cherchons à faire le bien, à rester en tenue de service, à aimer plutôt qu’à détester, à servir plutôt qu’à nous servir.
Que Dieu accorde la vie éternelle à son serviteur Daniel, et qu’il nous aide à rester dans ses saintes volontés. Amen.