CE QUE N’EST PAS LE PATRIOTISME

L’actualité politique française intéresse de façon toute particulière les pays francophones d’Afrique du fait de la montée fulguante du Rassemblement National de Jordan Bardella. En effet, L’AUBE de ce mardi 02 Juillet 2024 a porté un vif intérêt au sujet en titrant : « Percée spectaculaire de l’extrême droite, une leçon aux Gabonais ». Et, cette leçon essentielle est l’amour de la Mère Patrie, encore appelé « Patriotisme » ou préférence nationale, sans pour autant exclure les autres.
Le même journal fait réagir Me Paulette Oyane sur le sujet. Voici sa réponse : « Chaque peuple est légitime à réclamer se faire gouverner par les siens. Cela dit, la « gabonité » de souche n’est pas une notion juridique. On se perdrait en conjecture si on tentait de la défnir. Le Gabon n’a que 64 ans. Or, les peuples que l’on trouve sur le territoire, qui est aujourd’hui le Gabon, s’y trouvent depuis au moins le 16ème siècle lorsque ce n’était pas encore le Gabon. Ce qui fait que lorsque l’Etat gabonais a été créé, ces peuples étaient déjà là. L’Etat Gabonais est donc plus jeune que tous les peuples qui composent le Gabon. Dans ces conditions, on est gabonais de souche à partir de quand ? Je crois que c’est un concept qui risque de poser beaucoup de problèmes. A ce concept de Gabonais de souche, je préfère la notion de l’autochtonie, qui est une notion juridique et qui est bien encadrée en droit internationale des droits de l’Homme. En plus, c’est une notion évolutive. Dans tous les pays sérieux du monde, seuls les autochtones accèdent à certains postes de responsabilité sensibles. Et certaines grandes et puissantes nations y ajoutent même des conditions corsées. Il faut avoir UNE SEULE NATIONALITE. Lorsqu’on en a deux, on fait allégeance à deux nations. Comment alors défendre les intérêts de la nation que est censé gouverner contre ceux de son autre nation ? » Voilà qui est !
A l’ère du CTRI, le patriotisme est un sujet central qui éclaire les choix des politiques publiques en matières économiques, social et environemmentales. Au ministère du travail, par exemple, traittant de la main-d’oeuvre étrangère, le Gouvernement de la Transition va imposer des quotas. C’est que nous rapporte L’UNION du jeudi 27 juin 2024 : « Valoriser la main-d’oeuvre gabonaise ou encore restreindre le recours à la main d’oeuvre étrangère à des postes de responsabilité, tels sont les objectifs fixés par le projet de décret présenté par le ministre du Travail lors du Conseil des ministres du 25 juin passé ». Ce renforcément de la souveraineté et de la dignité nationale passe également par le rachat de certaines sociétés, dont ASSALA ENERGY. A la Une de L’UNION de ce mardi 02 Juillet : « ASSALA ENERGY : C’EST TOUT BENEFICE ! »
Toutefois, il ne faut jamais confondre patriotisme et repli identitaire ou xénophobie. Ayant pris la mesure de la gravité des publications incitant à la haine ethnique et à la montée de l’intolérance au Gabon, les autorités de la Transition ont, à travers le communiqué 062, instruit la police judiciaire de veiller sur la presse et les réseaux sociaux, mais aussi au parquet de se tenir prêt, pour appliquer rigoureusement la loi contre les auteurs des publications à caractère tribalistes, régionalistes, xénophobes et haineux !
Suivant la fameuse formule du Président Laurent GBAGBO, ancien président de la République de Côte d’Ivoire :  » Je vous aime, mais je me préfère », le vrai patriotisme c’est aimer les étrangers tout en se préférant soi-même. Il ne s’agit donc pas d’exclusion, mais de préférence nationale inclusive !
Par Edmond Dominique EPOMA-NGADI

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *