Abbé Serge-Patrick MABICKASSA
Références :1jn4, 7-10 ; Ps 71; Mc 6, 34-44
« L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive. »
Chers frères et soeurs, bien-aimés dans le Christ, les textes de ce mardi après l’Epiphanie, nous donnent d’observer l’une des expressions courantes de notre manque de foi individuel et collectif. Il s’agit du pessimisme, c’est-à-dire cette disposition d’esprit qui nous porte à prendre les choses du mauvais côté, à être persuadé qu’elles tourneront mal ou que nous n’y arriverons pas.
On le voit à travers l’attitude des disciples dans le passage d’évangile que nous venons d’entendre. Un problème se pose : il faut nourrir toute cette foule d’hommes, de femmes et d’enfants qui suivent Jésus. Mais où donc trouver suffisamment de pains dans cet endroit désert, en plus à une heure tardive ? S’inclinant devant ces obstacles, somme toute objectifs, « s’étant approchés de Jésus, ses disciples disaient : « L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive. Renvoie-les : qu’ils aillent dans les campagnes et les villages des environs s’acheter de quoi manger. »
Oui, bien-aimés dans le Christ, c’est de la même manière que nous renvoyons souvent nos projets et nos rêves par manque de foi. Nous nous arrêtons devant les obstacles. Et, par réalisme, nous baissons les bras en nous disant que nous n’y arriverons jamais. Nous méprisons et négligeons même le peu de ressources en notre possession : « Cinq pains et deux poissons. »
Cependant, nous oublions que le Christ est là et que rien ne lui est impossible. Avec deux poissons et cinq pains, il accomplit le miracle de nourrir cinq mille hommes ! Le Christ est donc bien le Maître de l’impossible !
Il nous faut, chers frères et soeurs cultiver l’optimisme de la foi en Jésus-Christ et en la puissance de son amour pour les hommes. Saint Jean écrit ceci dans la première lecture : » Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. » Oui, en Jésus-Christ, par Jésus-Christ et avec Jésus-Christ, par amour pour nous, Dieu vient nous nourrir en multipliant ce que nous avons déjà de bien, de bon et de vrai en nous. C’est ce qui est symbolisé par les cinq pains et les deux poissons. Or, certains manquent de patience envers eux-mêmes et pensent n’avoir rien de bon en eux-mêmes. Erreur ! Aussi peu que cela puisse paraître, il y en en tout homme un peu d’or, d’argent et de diamant. Suffisamment pour vivre heureux et partager ce bonheur avec les autres. Il suffit d’y croire !
Chers frères et soeurs, ce que l’on peut également tirer comme enseignement dans les textes de la liturgie de ce jour c’est la finalité du pouvoir. Dans le psaume 71, il est écrit : » Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice. Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux ! » Selon le coeur de Dieu, le pouvoir est avant tout un pouvoir d’amour et de service. Gouverner avec justice et faire droit aux malheureux. La Bonne Gouvernance selon l’évangile consiste à éclairer les consciences et à prendre soin des conditions de vie des pauvres et des malheureux. En effet, avant de nourrir ces cinq mille hommes, Jésus les a d’abord longuement enseignés jusqu’à une heure tardive.
Cette image nous rappelle les deux tables de l’Eucharistie : la table de la parole et la table du pain et de vin. Prions donc les uns pour les autres, afin que la vie de notre nation soit vraiment eucharistie. Qu’en prenant soin des conditions de vie des gabonaises et des gabonais, les politiques publiques ne négligent pas de faciliter notre essor vers la sagesse et vers la sainteté, en garantissant la liberté religieuse et les activités qui nourrisent l’esprit et l’âme de toute la nation.
Prions également pour nos évêques et archevêque réunis en Assemblée Plénière Ordinaire à Libreville, qu’ils soient guidés par l’Esprit d’amour et de service envers leurs frères et soeurs et que les fruits de leurs travaux fassent toujours droit aux pauvres et aux malheureux.
Amen !