
(Jn 21:15-19)
Réflexion
1-/« La vie est une succession d’allers-retours, disait Morris Schwartz. On veut faire une chose, mais on en fait une autre. On tient certaines choses pour acquises, même si on sait qu’il ne faut jamais rien prendre pour acquis ! »
Jésus a permis à Pierre de subir une série de tiraillements. L’un d’eux est son triple reniement du Maître. Malgré cela, Jésus a prié pour que Pierre soit fort. Jésus a cru en lui. Pierre, le « Rocher » prêt à donner sa vie pour Jésus, a retrouvé sa force grâce à une triple profession d’amour. Il convient de faire abstraction de ses manières présomptueuses et de ses trois reniements. Nous voyons ici Pierre dans un esprit d’humilité. Il ne prétend même pas aimer Jésus plus que les autres. Sa tristesse d’être interpellé trois fois a fait appel à la connaissance que Jésus avait du cœur de Pierre. Finalement, Jésus a confié tout le troupeau à Pierre. Pierre suivrait également le Bon Berger jusqu’à la mort.
Suis-je conscient(e) des multiples « attractions » qui sévissent dans ma vie ? À laquelle suis-je le plus enclin(e) : celle qui donne la vie ou celle qui donne la mort ? En toute humilité, est-ce que je consulte l’Esprit de Jésus lorsque je réponds à cette « attraction » ?
2-/ « Je t’aime »
combien de fois les amoureux se murmurent-ils ces mots, se les écrivent-ils dans des lettres ou se les envoient-ils par SMS ? Combien de fois se demandent-ils : M’aimes-tu ? M’aimes-tu vraiment ? M’aimes-tu encore ?
Ils veulent s’assurer que l’amour initial de l’être aimé n’a pas diminué. Derrière ces questions, on perçoit une certaine insécurité et une certaine anxiété.
Jésus a posé la même question trois fois. Et la personne à qui il a posée cette question n’était pas sa petite amie, mais Pierre ! Jésus manquait-il d’assurance ? Certainement pas. Il a posé la question cruciale à trois reprises pour aider Pierre à se racheter de ses trois reniements et lui faire comprendre ce qui compte dans une relation entre un disciple et Lui : l’amour.
J’aimerais que vous puissiez lire le texte grec original, car quelque chose de beau s’y cache. Les Grecs ont trois mots pour l’amour : Agapè, Philia et Éros . Dans les deux premières questions, Jésus a demandé à Pierre la forme la plus élevée d’amour : Agapè . Mais Pierre avait retenu la leçon et a admis qu’il n’avait pour Jésus que la deuxième forme d’amour : Philia . Puis, la troisième fois, Jésus s’est mis au niveau de Pierre et lui a demandé s’il avait vraiment Philia . Et Pierre a répondu : « Oui, Seigneur. » Il lui faudrait encore des années de luttes, d’échecs et de nouveaux départs avant de pouvoir prouver la forme la plus élevée d’amour pour son Maître : « lorsqu’il a donné sa vie pour le Christ, la tête en bas, sur une croix. »
Jésus nous met au défi d’atteindre un idéal, mais il comprend que nous n’en soyons pas encore capables. Gardant cet idéal à l’esprit, nous luttons, avec l’aide de la grâce de Dieu, pour l’atteindre un jour. Nous n’aurons peut-être pas à prouver notre amour pour lui en mourant sur une croix, mais nous pouvons le faire en prenant nos petites croix quotidiennes et en le servant avec amour à travers les frères marginalisés qui nous entourent en si grand nombre.
Bonne journée à vous, Pèlerins d’espérance !
P. Alain Mb, Cssp